Dans un ouvrage déjà ancien, Aguilar distinguait deux types de veille : la veille active et la veille passive. La veille passive est réalisée pour ainsi dire au « fil de l’eau ». Pour l’entreprise, elle consiste quotidiennement à rester en prise avec son environnement concurrentiel. On va lire la presse spécialisée, se rendre dans un salon professionnel ou questionner des fournisseurs sur le marché. J’ai coutume de dire qu’il s’agit comme l’abeille, de faire son miel en butinant au rythme des occasions qui se présentent à nous. La veille passive repose donc essentiellement sur une démarche d’opportunité et d’initiative. Aussi, son efficacité s’appuie largement sur l’adhésion volontaire des femmes et des hommes de l’entreprise. Chacun doit se sentir acteur de la démarche de collecte d’informations et « faire remonter » spontanément les informations aux décideurs. L’efficacité de cette veille repose en grande partie sur la qualité de management des équipes.
Au contraire, la veille active n’est pas un « vagabondage sur tous les terrains » mais une action précise et ciblée. L’entreprise sait alors clairement ce qu’elle cherche. Elle fixe ses objectifs de collecte. Elle formalise un plan de recherche. Elle pointe des sources formelles (rapports, documents, sites Internet…) et des sources informelles (entretiens, rencontres, échanges…).
On le voit ces deux types de veille peuvent parfaitement se compléter. En phase stratégique, la veille passive permettra de détecter des « signaux faibles », c’est à dire d’alerter les managers sur l’évolution des marchés, l’arrivée de nouveaux entrants ou l’émergence de nouveaux produits. En phase opérationnelle, la veille active permettra de nourrir le cycle de l’information et d’alimenter la gestion de projets
Jacques Breillat
Article paru dans APS,
Le systéme d’information stratégique en Aquitaine , n°1648 28 novembre 2008