L’intelligence économique encourage la maîtrise et la protection des informations stratégiques utiles aux décideurs publics et privés, permettant ainsi à chaque organisation de saisir des opportunités et de détecter des menaces. Fondée sur une connaissance approfondie de l’environnement socio-économique ou institutionnel, la démarche d’intelligence économique doit permettre d’anticiper et de prendre les bonnes décisions, au bon moment. Pour atteindre cet objectif, il est souvent nécessaire d’adopter une démarche en réseau. Les réseaux de l’entreprise sont une partie intégrante de son capital immatériel, au même titre que ses savoir-faire, ses procédures qualité, ses fichiers, sa propriété intellectuelle (brevets, marques), ses compétences-clés, sa relation-client ou sa politique de recherche et développement. Ils constituent une véritable richesse, souvent imperceptible et voilée, qu’il faut pouvoir cartographier, animer et gérer avec attention. Les réseaux sont à la fois des canaux d’acquisition et de diffusion d’information mais aussi des systèmes d’acteurs organisés. Ils permettent de collecter de l’information et de communiquer avec des parties prenantes (clients, fournisseurs, partenaires, concurrents, pouvoirs publics…). Au final, chaque entreprise devrait être en mesure de cartographier précisément ses réseaux afin de répertorier ses sources d’information, d’identifier ses canaux de diffusion (caisse de résonance, porte-voix) et de pouvoir mobiliser ses soutiens dans le cadre d’une communication d’influence. Les réseaux doivent devenir au sens de l’association française pour le développement de l’intelligence économique (AFDIE) : « des inventeurs de connaissances nouvelles en mettant à jour des menaces, des risques ou des opportunités par simple comparaison et mise en relations d’informations ouvertes mais dispersées soit au sein de l’entreprise, soit à l’extérieur. » Malheureusement, cette démarche d’organisation et de coordination des réseaux internes et externes est souvent négligée par les entreprises. Beaucoup de décideurs pensent à tort que la logique de réseau est pour ainsi dire « spontanée ». Qu’elle peut se déployer naturellement et irriguer les circuits décisionnels sans être réellement managée. Beaucoup de salariés hésitent à partager leurs connaissances et leurs carnets d’adresse, préférant une approche plus individualiste et personnelle du réseau. Il reste beaucoup à faire pour promouvoir la richesse des réseaux méthodiquement organisés.
Chronique « Clé de l’IE », parue dans APS du 24 juin 2016