Dans un univers numérique dominé par l’explosion des données et l’infobésité, la question des moteurs de recherche devient une question stratégique. En effet, à l’heure du big data, l’enjeu pour la prise de décision n’est pas la collecte massive et l’accumulation quantitative de données mais bien la capacité de chaque décideur à trouver la bonne information au bon moment. Le défi des années à venir repose clairement sur notre capacité à poser des filtres pour sélectionner l’information stratégique utile et détecter d’éventuels signaux faibles. La question du filtre met donc au cœur des réflexions l’approche des moteurs de recherche. Pourtant dans ce domaine, les jeux semblent fait… Google s’est progressivement imposé comme leader incontesté des moteurs de recherche, presque partout dans le monde, avec des parts de marché de plus de 85%. En France, le moteur Google écrase totalement la concurrence avec plus de 92% de parts de marché. Il a désormais supplanté et remplacé la plupart de ses concurrents historiques comme Bing, Yahoo ou Qwant. Au final, les 2 seuls pays dans lesquels Google n’est pas (encore) leader sont la Russie (dominé par le moteur Yandex) et la Chine (dominé par Baidu)
Cet état de fait, s’avère préoccupant pour les consommateurs et pour les entreprises. Premièrement, elle nous rend tous particulièrement dépendants de Google. En dépit des règles de protection des données nominatives de type RGPD, le géant américain collecte beaucoup de données personnelles de connexion. Il connait ainsi nos pôles d’intérêts, nos souhaits et nos habitudes de consommation. Il exerce une position hégémonique, pour ne pas dire monopolistique, sur ces données de connexion. On ne sait pas vraiment combien de temps ces données sont conservées, ni à qui elles profitent in fine. Deuxièmement, Google oriente les flux commerciaux grâce au référencement des sites. Il privilégie clairement la mise en avant des sites web dits user centric qui concentrent leurs efforts sur la production de contenus générés par les internautes eux-mêmes. A l’inverse, il fait passer au second plan les sites vitrines dits enterprise centric qui peinent à fidéliser les internautes et se retrouvent relégués dans la liste des propositions. Du coup, toutes les organisations deviennent dépendantes d’un écosystème informationnel totalement modelé par Google.
Dans l’absolu, il existe des centaines d’alternatives au moteur de recherche Google. Pour nos requêtes, on peut ainsi utiliser des moteur de recherche endogènes (par exemple, des moteurs géographiques nourrissant une approche « par pays ») ou des moteurs verticaux (moteurs thématiques qui explorent des thésaurus scientifique ou techniques). Cette approche méthodologique propose un complément intéressant. Pour autant, elle n’est pas vraiment en mesure de constituer un contrepoids sérieux à Google. Les entreprises doivent donc s’accommoder de la suprématie de Google. Comme le souligne fort justement le journaliste Chris Anderson : « Votre marque n’est plus ce que vous en dites, mais ce que Google en dit ».