A l’heure du Big data, notre société produit des masses exponentielles d’informations. Le professeur Di Cosmo a même osé le néologisme d’ « infobésité » pour décrire cette situation paradoxale. Les décideurs publics et privés se retrouveraient confrontés à des difficultés de traitement et d’analyse car ils crouleraient sous un flux d’information non pertinente saturant la bande passante. Nous serions à la fois surinformés et sous-informés. Et nous aurions des difficultés à exploiter la bonne information, au bon moment pour prendre la bonne décision.
Pour faire face à la surabondance d’information sur le web, les veilleurs utilisent de plus en plus souvent des outils de cartographie pour structurer la collecte d’informations. Ces outils de cartographie permettent de clusteriser l’information, c’est-à-dire de regrouper les documents par type, par proximité ou par similitude. Ce type de démarche permet de structurer, de rapprocher et de visualiser concrètement les résultats de recherche en réalisant des graphiques. Dans un monde informationnel de l’infiniment grand, le veilleur peut ainsi disposer d’une représentation globale. Bref, la cartographie apporte un espace et du sens aux résultats.
Pour autant, les nouveaux outils de cartographie d’informations doivent être utilisés avec un certain recul critique. Des interfaces graphiques de plus en plus séduisantes masquent parfois la grande faiblesse des algorithmes de recherche. Au final, le résultat est esthétique mais on structure des résultats partiels, tronqués ou erronés. On visualise et on relie des paquets de données mais on ne sait pas comment ils sont agrégés. Comme le souligne Frédéric Martinet en 2011, le risque de la « gadgétisation » est alors bien réel. La fascination pour l’outil de cartographie ne doit jamais faire oublier l’objectif final de la veille stratégique. Sans quoi, il relèverait de la pensée magique.