L’Intelligence économique est « la maîtrise et la protection des informations stratégiques utiles pour les décideurs publics et privés ». La démarche d’Intelligence économique interdit donc rigoureusement le recours aux méthodes illégales de collecte d’informations sur les concurrents. Elle prohibe notamment les actions « dures » qui relèveraient de l’espionnage économique, tombant de fait sous le coup de la loi pénale.
Pourtant, à côté de ces actions illégales, il existe tout un spectre d’actions dites « obliques » qui, sans être répréhensibles, appartiennent au registre de la collecte offensive. Parmi ces actions « indirectes », on trouve notamment : l’écoute de conversations privées dans des lieux publics, l’organisation d’entretiens de recrutement avec des salariés de la concurrence, le démontage des produits et des offres de services de la concurrence (reverse engineering), la subtilisation d’informations dans le cadre de négociations commerciales « alibis », la récupération de documents jetés à la poubelle, la copie de rapports de stages en libre accès dans les bibliothèques des écoles de commerce, le questionnement méthodique des fournisseurs, des clients et des partenaires des concurrents…
Dans le cadre de relations hyperconcurrentielles, les détours de la ruse appartiennent désormais au champ des possibles. Certes, on s’accordera à considérer que le recours à ce type de méthodes n’est pas très éthique. Certains objecteront que « la fin justifie les moyens »… Ce qui n’est pas légalement interdit étant par définition « autorisé », chaque chef d’entreprise doit donc apprendre à protéger ses informations stratégiques par rapport aux risques de fuites les plus inattendus… En matière d’orchestration des actions obliques, l’imagination est décidément sans limite.
Article paru dans la rubrique Les Clés de l’IE, APS, 26/11/2010