L’intelligence économique n’est pas réservée à la conquête de nouveaux marchés ou à la veille concurrentielle (ce que les anglo-saxons appellent business intelligence). Elle est aussi une “intelligence territoriale” dans la mesure où les pouvoirs publics doivent désormais conjuguer le développement local avec le renforcement des PME-PMI. C’est au cœur des territoires, notamment des régions, que se dessinent des coopérations transversales entre responsables économiques, universitaires, élus locaux et fonctionnaires. Cette délicate alchimie entre des acteurs de cultures différentes repose sur le respect mutuel et sur une meilleure circulation de l’information entre secteurs public et privé.
L’Etat a besoin de répertorier les technologies sensibles et les savoir-faire de pointe pour les intégrer dans un dispositif de défense économique. Les PME-PMI ont besoin d’acquérir la maîtrise de leur développement pour enrichir l’économie régionale. C’est pourquoi la vieille frontière stérile entre public et privé n’est plus de mise. La mondialisation est passée par là. L’Etat doit devenir un Etat stratège qui ne peut se désintéresser de la création de richesses économiques. Or nos PME-PMI ne disposent pas des capacités financières des multinationales pour acquérir et traiter l’information stratégique. Elles ont besoin d’accéder à l’information détenue par les administrations publiques. Une telle intelligence des territoires favorise nécessairement la stratégie de puissance économique de la France.
Jacques Breillat
Article paru le 28-03-2008 dans APS N°1618 – Les clefs de l’intelligence économique