Du lobby défensif au co-législateur

L’intelligence économique consiste en « la maîtrise et la protection des informations stratégiques utiles aux décideurs publics et privés ». La méthode d’intelligence économique encourage donc les organisations à mettre en place dans le même temps des dispositifs de veille stratégique et à protéger leurs patrimoine immatériel (savoir-faire, réseau commercial, brevets, marques, etc…). La démarche repose sur l’idée selon laquelle en instaurant un rapport asymétrique à l’information, chaque entreprise peut construire un avantage concurrentiel. L’information est ici une clé de la compétitivité de l’entreprise. Mais au-delà de la collecte d’information et de sa sécurité économique, chaque organisation est aussi invitée à mettre en œuvre des démarches d’influence pour orienter durablement son environnement. On trouve alors deux grandes postures de lobbying.
Le lobbying défensif consiste à bloquer, dénaturer ou retarder l’entrée en vigueur d’une décision défavorable. Il s’agit aussi pour une fédération professionnelle d’entamer un bras de fer de fer avec les pouvoirs publics pour exiger le retrait pur et simple d’un texte. Mais lorsqu’il n’est plus possible de revenir sur ce texte, il peut être opportun d’obtenir qu’il soit différé ou que ses effets soient dilués. Ainsi, lorsque l’interdiction de fumer dans les lieux publics a été prise, les propriétaires de bar-tabacs ne pouvaient pas revenir sur une mesure fondée sur la santé publique et une évolution européenne. Ils ont négocié les conditions d’application dans le temps en exigeant de contreparties. Le lobbying offensif se situe plus en amont de la prise de décision par les pouvoirs publics. Il s’agit d’instiller des évolutions légales ou réglementaires pour favoriser les intérêts économiques d’un groupe particulier. Dans cette posture (souvent fort discrète), les fédérations professionnelles cherchent à promouvoir leurs intérêts propres. Elles proposent de nouveaux textes, de nouvelles réglementations et des amendements « clés en mains ». Même si cela peut choquer notre conception de l’intérêt général, il arrive donc que les groupes d’intérêts finissent par s’imposer et par s’auto-instituer en qualité de co-législateurs.

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