L’intelligence économique vise la maîtrise et la protection des informations stratégiques utiles aux décideurs publics et privés. Par définition, une démarche d’intelligence économique repose sur la capacité des organisations à gérer la collecte, le traitement, l’analyse et la diffusion des informations. En interne, il s’agit d’éclairer la prise de décision, de protéger les connaissances et savoir-faire ou de conforter des logiques de projets (exportation, croissance externe, lancement de nouveaux produits ou de nouveaux services). En externe, il s’agit d’influencer les parties prenantes (fournisseurs, clients, concurrents, pouvoirs publics). L’intelligence économique exploite donc toutes les sources d’informations disponibles légalement pour mettre une entreprise ou une collectivité publique en réseau.
Des nombreux auteurs ont développé des méthodes d’audit la mise en place de démarches d’intelligence économique, à partir de phases descriptives très précises. Bien que rassurante sur le plan formel ces méthodes ne produisent pas toujours les résultats espérés. En fait, ces analyses séquentielles forcent exagérément le découpage et enchaînement de chaque étape. Elles oublient souvent que les rapports concurrentiels sont fluctuants et nécessitent en permanence d’être réévalués. Elles sous-estiment l’importance du facteur humain dans la gestion de l’information informelle. Or le partage de ces informations n’est jamais un processus naturel car il renvoie à la place de chacun dans l’organisation et donc à des questions de management et de pouvoir. Elles méconnaissent la complexité des parties prenantes et la force des nouveaux modes de communication (notamment le web) qui horizontalisent les enjeux. La réussite d’une démarche d’intelligence économique n’est donc pas liée à une sorte de recette de cuisine par étape ou à la seule maîtrise des outils. Elle repose sur la compréhension de la complexité des organisations, la capacité collective des équipes à échanger de l’information et à s’étonner des changements.
