Focus sur le Soft Power

Dans les années 90, la chute du mur de Berlin met fin à un monde bipolaire marqué par la guerre froide. Pour caractériser l’évolution dans les rapports de puissance entre les Etats, le politiste Joseph NYE construit alors la distinction en Hard Power et Soft Power. Le Hard Power est composé des  ressources traditionnelles du pouvoir, c’est-à-dire des capacités militaires, des richesses économiques et des richesses naturelles… Le Soft Power « consiste à tenter d’abord d’obtenir par la persuasion séductrice les résultats que l’on pourrait aussi atteindre par la force. Il s’agit d’amener les autres à adhérer à des normes et des institutions qui incitent ou induisent au comportement désiré. Le Soft Power peut prendre appui sur la capacité d’établir l’agenda (ordre du jour) de manière à façonner les préférences des autres »*.

Autrement dit, le Soft Power consiste à faire usage de l’influence là ou d’autres préconiseraient le recours à la force brute pour dominer l’adversaire. La menace de coercition par la contrainte physique s’éloigne progressivement au profit des logiques de persuasion et de communication. Le recours à la violence militaire cède la place au management des perceptions, des codes et des valeurs. Dans la mondialisation économique, les Etats empruntent désormais les chemins de l’influence normative pour promouvoir leurs propres intérêts et les périmètres de souveraineté à géométrie variable se dessinent ainsi… presque discrètement.

Article paru dans la rubrique Les Clés de l’IE, APS, 22/10/2010


* Joseph NYE, « Bound to lead: The changing nature of American power », Basic Books, 1990, 307 pages, pages 188 à 201. Voir également Joseph NYE, « Soft Power », Foreign Policy, n°80, automne 1990, pages 153 à 171.

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