Compréhension et compétence

Les concepteurs de l’intelligence économique en France ont conféré un double sens à l’appellation. Le sens anglo-saxon, dans lequel intelligence signifie information et renseignement. Le sens français qui veut dire compréhension. Cette précision sémantique serait sans intérêt si l’on oubliait qu’une information n’a précisément aucun sens pertinent sans être rapportée à son contexte de marché ou de concurrence. La valeur ajoutée d’une information dépend donc d’une mise en perspective avec l’environnement économique. Derrière cette évidence se dissimulent de sérieux obstacles. En effet, la mondialisation économique brouille les repères et redistribue les cartes. La fluidité des rapports de force et la rapidité des reconfigurations soumettent le chef d’entreprise à un exercice singulier. Il doit à la fois arrêter une stratégie, fixer un objectif et faire tout cela en mouvement. C’est un peu comme si on faisait un “arrêt sur image” dans une salle obscure en ayant déjà programmé un “happy end”…

Mais au delà de la complexité du monde, il y a un défi de mesure. Comment prétendre comprendre des informations du métier sans être spécialiste de la question ? Comme l’affirmait récemment Henri Martres dans une tribune remarquée : “Pour comprendre l’information, il faut être compétent”. Sans grille de traitement et d’analyse, l’intelligence économique se résume à une démarche de collection des données. Or la “quantophrénie” et le stockage des données n’ont jamais produit de sens utile pour la prise de décision.

Jacques BREILLAT
Article paru le 23-11-2007 dans APS N°1601 – Les clefs de l’intelligence économique

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