Les médias évoquent régulièrement la piste de la compromission des secrets industriels et commerciaux au profit des intérêts chinois. Il faut dire que la figure emblématique du chinois « conquérant et dominateur » marque en profondeur l’opinion publique française. Ce stéréotype repose sur un mélange d’attraction et de répulsion. La puissance économique de la Chine inquiète autant qu’elle fascine. La nature anxiogène de la mondialisation économique et le stress de l’hyper compétition plaident en faveur de la main invisible de la Chine… Le chinois est partout…
Bien sûr, il y a sans doute une part de vrai dans la menace chinoise mais on trouverait des preuves beaucoup plus tangibles en cherchant dans trois directions: la prédation des matières premières (notamment main mise sur les « terres rares ») ; la captation de l’innovation technologique et la contrefaçon industrielle. Pour servir ses ambitions et soutenir son développement, la Chine peut assurément compter sur une diaspora mondiale pratiquant le renseignement d’opportunité et sur le talent prodigieux de ses hackers.
Au bout du compte, même si les menaces extérieures et l’espionnage industriel existent, la fuite de données confidentielles est le plus souvent d’origine « interne ». Le risque d’un salarié qui parle trop (par bêtise, par méconnaissance ou par malveillance), l’échange d’informations confidentielles par mail ou par les réseaux sociaux provoquent d’avantage de dégâts que les manœuvres offensives chinoises. Les risques sont donc essentiellement humains. Et le mirage puissant des stéréotypes ne saurait occulter cette réalité.