Pour répondre rapidement et efficacement aux injonctions du marché, on voit se développer des stratégies de partenariat à géométrie variable. Les mouvements de coopération entre les entreprises s’intensifient, permettant de faire face à la complexité des logiques industrielles et la spécialisation des compétences par métier. On parle même “d’entreprises étendues” pour marquer l’importance des phénomènes d’externalisation. Or, de telles stratégies partenariales nécessitent de partager des informations à haute valeur ajoutée, ce qui n’est pas sans poser de problèmes. En effet, pour monter des opérations ensemble, les entreprises ont besoin de disposer d’informations croisées très précises permettant de définir les contributions et les missions respectives. La mise en œuvre de tout partenariat exige donc un minimum de transparence. Pourtant, une fois transmises ces informations stratégiques échappent souvent à l’entreprise qui les émet. Des mécanismes de protection juridique peuvent s’avérer utiles. On encouragera par exemple les clauses de confidentialité et de non concurrence. Mais le droit ne règle pas tout, loin de là… Ainsi dans le cadre d’appel d’offres, on voit d’importants donneurs d’ordres imposer la rédaction de cahiers des charges détaillés comprenant une somme d’informations stratégiques considérable. Le chef d’entreprise devra donc définir une politique de sécurité de l’information. On ne transformera pas pour autant l’entreprise en bunker car la communication est vitale pour le développement économique et commercial… On préférera une démarche plus sélective et plus fine, visant à protéger et à sanctuariser un petit nombre d’informations pointées comme sensibles… L’équilibre subtil de la séduction économique consiste à donner suffisamment d’informations pour être attractif sans jamais se dévoiler totalement.
Jacques Breillat
Article paru le 26-09-2008 dans APS N°1639 – Les clefs de l’intelligence économique
