L’intelligence économique vise la maitrise et la protection des informations stratégiques utiles pour les décideurs publics et privés. Cette discipline récente entend fournir des outils et des méthodes permettant de faire face à la mondialisation de nos économies et à l’avènement des systèmes d’échanges numériques. L’intelligence économique se fixe comme objectif de transformer l’information ouverte, c’est-à-dire l’information librement et légalement accessible, en avantage concurrentiel ou stratégique pour les entreprises ou les collectivités. Comme le souligne Claude Revel: « L’intelligence économique est une démarche managériale, un mode de gouvernance de l’organisation, consistant à connaître, comprendre et anticiper professionnellement son environnement, pour éclairer les décisions, prévenir les risques notamment immatériels (sur l’image, le savoir-faire, les nouvelles normes, le capital…) et l’influencer au lieu le subir, par le lobbying ou bien mieux, par une diplomatie d’entreprise au long cours ». Après avoir posé clairement les enjeux de l’intelligence économique dans le Rapport Martre (1994) et les Rapports Carayon (2003, 2005), l’Etat a porté une politique publique d’intelligence économique. Elle s’est matérialisée dans la sensibilisation des chefs d’entreprise, l’accompagnement à la conquête de marchés extérieur, la protection de nos savoir-faire et la promotion des formations en intelligence économique. Elle s’est concrétisée par la mise en oeuvre de cycles de formation dans l’enseignement supérieur. Cette volonté d’agir était incarnée physiquement jusqu’en 2015 par une déléguée interministérielle à l’Intelligence économique.
Mais depuis 2015, ce mouvement de fond s’est brutalement arrêté. Certes, une prise de conscience s’est indéniablement opérée dans certaines entreprises et de grands groupes se sont engagés dans des stratégies d’intelligence économique. La France s’est progressivement dotée d’un réseau de formations supérieures en intelligence économique. Pour autant, les petites et moyennes entreprises sont toujours faiblement mobilisées. L’Etat ne donnent plus vraiment les impulsions nécessaires. Il se concentre bien souvent sur la seul sphére défensive de la protection des savoirs faire et du patrimoine scientifique et technologique. La France se révéle trop souvent absente des instances de normalisation. Après dix années de politique publique active, nous sommes entrés dans une sorte de long sommeil…