L’actualité de l’Intelligence économique a été récemment marquée par le départ d’Alain Juillet, Haut Responsable à l’Intelligence Economique (HRIE) auprès du Premier ministre. En effet, ce départ a fait « grand bruit » car Alain Juillet a décidé de rejoindre le cabinet américain Orrick en tant que senior adviser.
Le parcours d’Alain Juillet, ancien directeur du renseignement à la DGSE de 2002 à 2003, faisait pourtant de lui un défenseur emblématique du patrimoine économique national. Certains se sont alors émus de voir ainsi un grand commis de l’Etat en charge de la maîtrise et de la protection de l’information stratégique française devenir conseiller d’un cabinet américain. D’autres se sont interrogés à voix haute sur la nécessaire application de périodes de carence entre action publique et action privée.
Au bout du compte, notons que ce n’est pas la première fois que notre politique publique d’Intelligence économique souffre de la faiblesse de ces paradoxes. En son temps, le cabinet américain Boston Consulting avait été retenu pour évaluer l’action des Pôles de compétitivité français. De proches collaborateurs du Secrétariat Général à la Défense Nationale (SGDN) avaient déjà cédé aux sirènes anglo-saxonnes. En cette « saison des transferts », on pourrait ironiser sur notre capacité à enrayer la « fuite des cerveaux ». Décidément, la mise en concurrence généralisée des hommes et des marchandises n’épargne plus personne. Voilà que la politique publique d’Intelligence économique de « l’Etat stratège » se retrouve à la merci des chasseurs de têtes… C’est aussi cela que l’on appelle la mondialisation…
Article paru dans APS, Les clefs de l’IE