Lobbying européen : entre transparence et conflits d’intérêts

Avec ses centaines d’experts en Public affairs, ses spécialistes de relations publiques, ses cabinets d’avocats et ses représentants socio-professionnels, Bruxelles demeure indéniablement la capitale du lobbying polyglotte. La communication d’influence s’est installée confortablement, au cœur même des institutions européennes.

Il faut dire que l’Europe réglemente des domaines de plus en plus techniques et de plus en plus vastes. Ainsi, 80% de notre législation nationale est directement ou indirectement d’inspiration européenne. Ce périmètre d’intervention élargi soulève nécessairement des questions de plus en plus complexes, aussi bien sur la compatibilité normative que sur l’interpénétration des intérêts économiques. L’écosystème institutionnel  européen, parce qu’il produit des zones d’incertitude et de multiples interstices organisationnels, se révèle profondément perméable aux échanges public/privé. On ne voit pas qui pourrait finalement reprocher à l’administration européenne d’écouter la société civile et de chercher à mesurer les conséquences de ses décisions bureaucratiques. Depuis 2008, l’Union européenne a institué un registre pour recenser les lobbies agissant auprès de la Commission et du Parlement Européen. Même si ce registre demeure « facultatif » (du coup 60% des cabinets de lobbying ne sont pas inscrits), l’objectif est d’assurer une meilleure transparence du processus d’influence et d’organiser la publicité pour prévenir tout dérapage. Le lobbying est devenu un métier à part entière, avec son référentiel de compétences, son expertise et ses formations d’enseignement supérieur. Mais les efforts louables de professionnalisation et de transparence ne suffisent pas toujours à lever certaines ambiguïtés…

Les cas d’anciens commissaires européens qui se reconvertissent dans des cabinets privés de lobbying ne se comptent plus. Sur  treize commissaires ayant quitté la Commission européenne  de février 2010 plus de la moitié travaillent désormais au service de groupes privés recevant des aides ou subsides européens. Alors que les textes prévoient une période de carence de  douze mois avant de s’établir lobbyiste, le Comité d’éthique de la Commission européenne accorde systématiquement des dérogations aux anciens commissaires. Alors avant de s’attaquer à la transparence des circuits de décision, certains observateurs pensent qu’il serait préférable de commencer par prévenir les conflits d’intérêt.

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1 Commentaire

  1. Pascal Gautheron

    Difficile de s’y retrouver pour un néophyte comme moi dans tout ces jeux de pouvoir.
    Quand je vois ça, je me dis que l’Europe fédérale est encore loin. Mais c’est cette Europe qui pourra se défendre contre le bloc des USA et les BRICS. J’ai par contre du mal avec la position de l’Angleterre : est-elle dans l’Europe ou dans les USA?

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