Nous avons rencontré Claude Lepère à l’occasion de la sortie de son ouvrage « Small business intelligence » aux éditions EDIPRO. La gestion d’une entreprise recouvre des activités nettement plus interactives qu’auparavant. En tant que nouveau média d’influence, le web, et singulièrement le web 2.0, induit des changements de comportement. Aujourd’hui, les employés passent la majeure partie de leur temps à chercher de l’information et le don d’ubiquité semble désormais devenir réalité puisqu’internet et les nouveaux outils qui s’y intègrent permettent d’être présents à différents endroits au même moment. La recherche d’information est la porte d’entrée la plus évidente pour accéder aux pratiques de l’intelligence stratégique car si le temps consacré à la recherche d’information augmente, c’est que ceux qui la cherchent sont convaincus de pouvoir la trouver. Au-delà de la recherche d’information, c’est la capacité d’analyser, d’enrichir et d’utiliser cette information qui va être déterminante pour les décisionnaires, dans les PME comme au sein d’organismes publics.
JB: « Claude Lepère, quelles sont selon vous les préoccupations des dirigeants d’entreprises aujourd’hui ? »
CL: « Ce qui caractérise le contexte économique, c’est que la seule constante est le changement. Nous observons une logique de vitesse qui s’impose parfois au détriment de la qualité de l’information. En conséquence, les chefs d’entreprises recherchent une plus grande maîtrise de leurs activités au quotidien en même temps qu’une visibilité sur le court-moyen terme. Les flux d’informations sont continus et multidirectionnels, ce qui constitue une difficulté supplémentaire pour les décideurs. Si on parle de croissance par exemple, le dirigeant cherchera à ce que cette évolution s’opère de façon contrôlée. »
JB: « Sans caricaturer, il s’agit-il de passer du rôle de dirigeant à celui de stratège ? »
CL: « Il s’agit de la difficulté pour les dirigeants de franchir ce fameux cap de croissance qui les oblige à se dégager de leurs tâches opérationnelles quotidiennes. Ils souhaitent consacrer plus de temps à la définition puis à la mise en œuvre de stratégies moyen et long terme car ils sont parfaitement conscients qu’ils doivent prendre du recul, mais ils considèrent en outre, et à juste titre, que cela demande un temps considérable. Or, leur objectif n’est pas non plus de devenir des experts en stratégie. »
JB: « J’ai l’impression que pour vous la croissance va de pair avec la notoriété… »
CL: « Oui, elle expose dès lors davantage la marque, et donc la société, qui se retrouve paradoxalement fragilisée car elle devient une cible facilement identifiable. C’est le revers de la médaille et le lot de tous les leaders. Un meilleur décryptage de leur environnement permettra aux dirigeants d’être plus efficaces dans leurs prises de décision. Pour les aider dans ce processus, d’autres grilles de lecture doivent leur être proposées. »
JB: « Est-ce le cas des nouvelles techniques de gestion de l’information ? »
CL: « Les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) permettent de s’affranchir de nombreuses limites. Anciennement, les livres ou les revues scientifiques étaient bien plus lourds à manipuler que les fichiers numériques actuels qui se sauvegardent, se modifient, se « tracent » et se partagent aisément. Les conséquences sont nombreuses, avec des impacts dans tous les domaines. Les entreprises doivent être sensibilisées au management agile et aux nouvelles méthodes de gouvernance des organisations en matière de gestion de l’information. »
JB: « Est-ce aussi ce qui ressort des témoignages d’entrepreneurs dans l’ouvrage « Small Business Intelligence » ? »
CL: « Les chefs d’entreprises que nous rencontrons manifestent un fort intérêt pour le partage d’expérience: tant dans une dynamique interne que dans une logique d’ouverture vers l’extérieur. En interne, il s’agit de stimuler la remontée d’information, l’innovation. En externe, il s’agit de limiter la « solitude » de l’entrepreneur. D’autres chefs d’entreprises pourraient avoir été confrontés aux mêmes difficultés et en conséquence leur proposer des embryons de solutions, des pistes de réflexion, des contacts. Une partie de la solution réside donc dans la prise de conscience que ces besoins nécessite un changement d’approche managériale et culturelle. »
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