Le management des perceptions passe désormais par l’activisme des organisations publiques. Afin de soutenir activement leur réputation, certains Etats n’hésitent plus à intervenir directement ou faire intervenir sur le Web. La stratégie de l’action oblique s’impose nolens volens. L’ancien correspondant du New York times Thomas Crampton a ainsi pointé le rôle des «50 cents agents». Ces internautes sont recrutés et rémunérés 50 cents de Renminbis par avis favorable déposé sur le web (environ 0,05 euros) en faveur du gouvernement chinois. L’efficacité de ce type d’enrôlement cyber militant repose sur l’apparente spontanéité et l’anonymat des réponses, la participation massive aux forums et aux sites d’avis en ligne.
Cette mobilisation collective peut même s’avérer totalement factice, lorsqu’un groupe de pression obtient l’inscription d’une cause sur l’agenda politique, en avançant un nombre astronomique de soutiens imaginaires. Faire nom et faire nombre à tout prix… la démarche est qualifiée d’Astroturf lobbying (du nom d’un célèbre gazon synthétique) pour bien marquer la différence avec un véritable processus de Grassroots lobbying, c’est-à-dire une mobilisation collective bien réelle de l’opinion publique.
Bien sûr, de telles démarches peuvent légitimement choquer par leur absence d’éthique. C’est oublier finalement une caractéristique fondamentale de l’influence sur le Web. Est désormais vrai ce que les internautes citoyens, clients ou consommateurs considèrent comme vrai. Chacun dispose d’un porte-voix et la notoriété tient désormais lieu de vérité.