Sociologie du soupçon

L’intelligence économique (IE) vise la maitrise et la protection des informations stratégiques utiles aux décideurs publics et privés. Depuis 2003, de réels efforts d’institutionnalisation et de professionnalisation sont menés par les pouvoirs publics pour promouvoir l’IE auprès des chefs d’entreprise. Progressivement, la légitimité de l’IE se renforce et ses méthodes se diffusent dans le monde économique. Pourtant, force est de constater que l’IE souffre toujours d’un déficit d’image et des confusions entretenues avec l’espionnage économique.

Drôle d’exercice finalement que celui des experts et professionnels de l’IE qui doivent systématiquement montrer patte blanche avant de s’exprimer. Il faut ainsi, de façon quasi expiatoire, introduire prudemment chaque présentation des activités par l’affirmation du respect de la légalité. J’ai souvent constaté que ce rituel préventif de « déminage éthique » se révèle la plupart du temps contre-productif. Il ne manque pas d’instiller un doute supplémentaire et de renforcer l’inquiétude diffuse de l’auditoire. Quant à celui qui ne connait pas l’IE, il entre sur le domaine par l’étroite lucarne de la pathologie.

Bien sûr, la chronique est alimentée par quelques affaires de barbouzerie retentissantes et largement médiatisées. Le monde des officines n’a pas totalement disparu. Chaque profession draine une infime minorité d’acteurs indélicats et l’on ne voit pas comment l’IE n’échapperait à la règle. Pour autant, on ne demande pas au médecin, à l’avocat ou au professeur de débuter chaque consultation, chaque plaidoirie ou chaque cours par l’affirmation de la respectabilité de son métier. Il faudra donc un jour s’interroger sérieusement sur les fondements de cette « sociologie du soupçon » à l’égard de l’IE.

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