L’intelligence économique s’intéresse à la maîtrise et la protection des informations stratégique utiles aux décideurs publics et privés. A ce titre, la discipline porte un regard expert sur l’évolution des écosystèmes informationnels, notamment à la production exponentielle d’information et de data sur le web. Plusieurs auteurs se sont intéressés à cette question sous l’angle singulier du rapport au temps. En effet, les internautes multiplient les échanges interpersonnels de contenus : messages écrits (commentaires, avis, évaluation….), photos, vidéos. Les marques ont rapidement compris le profit qu’elles pouvaient tirer de ce foisonnement d’information en captant l’attention, en amorçant le dialogue et en suscitant l’engagement des internautes. Pour autant, la multiplication des sollicitations ne facilite guère la différenciation, l’attachement et la fidélisation des clients potentiels.
Ce nouveau rapport au temps est une variable anthropologique avec laquelle il faut aussi savoir composer. Comme le souligne Dominique Wolton, nous devons faire face à une forme d’écrasement de la durée : « Le temps des nouvelles techniques est homogène, rationnel, lisse, alors que le temps humain est toujours discontinu et différencié ». Nous sommes progressivement entrés dans « l’ère des solitudes interactives ». On finirait presque par se laisser abuser et confondre la multiplication de micro-interactions superficielles avec une forme beaucoup plus profonde de reliance sociale et humaine. Dans son ouvrage intitulé « Seuls ensemble », l’anthropologue américaine Sherry Turkle étudie nos relations avec les objets technologiques sur une période de quinze ans. Elle analyse la façon dont les nouvelles technologies redessinent le paysage de nos vies affectives et de notre intimité. Elle observe que les assistants et le robots de compagnie sont des substituts technologiques rassurants, qui pourraient bientôt remplacer les relations interpersonnelles, plus éprouvantes car nécessairement imparfaites. Au final, la question du rapport au temps interroge donc profondément notre relation au marché. La question centrale demeure de trouver les voies et moyens de capter durablement l’attention des internautes, lesquels sont renvoyés à la solitude de leurs choix.