L’intelligence économique s’intéresse particulièrement à la collecte et à l’exploitation de l’information dite « implicite ». En effet, la valeur ajoutée de cette information n’est pas explicitement donnée en amont. Elle nécessite pour l’analyste de déployer des savoir-faire spécifiques : déductions, interprétations personnelles, rapprochements, constructions de liens logiques (inteligere).
La collecte d’informations implicites peut résulter d’une démarche d’ingénierie sociale et du traitement de sources humaines. Un exemple est souvent donné à travers la technique de l’entretien leurre dit « interrogatoire du déserteur ». Sous prétexte d’un faux entretien d’embauche, le pseudo recruteur fait miroiter une offre d’emploi alléchante de nature à délier les langues des meilleurs candidats. Sans être éthique, ce type de démarche se révèle particulièrement efficace afin de recueillir et de recouper de précieuses informations sur la concurrence. De même, les spécialistes d’intelligence économique traquent l’information implicite en déployant des outils d’analyse de bases de données. Ces opérations d’extraction et de rapprochement sur des bases de données de brevets ou d’articles scientifiques vont permettre d’identifier de véritables réseaux de Recherche. On matérialisera que certains chercheurs influents sont situés à la jonction de plusieurs équipes de recherche. On identifiera aussi que certains auteurs sont incontournables sur certains sujets.
Au final, qu’elle résulte de sources humaines ou du data mining, la création de valeur à partir de l’information implicite ne sera révélée et pour ainsi dire « dévoilée » qu’au terme d’opérations complexes de traitement.
Article paru ce jour dans APS