Nous sommes entrés dans un monde de la connaissance. Cela signifie que la production de connaissances nouvelles est un facteur de puissance et de prospérité. Aujourd’hui, les connaissances s’échangent et se monnayent au niveau international. Ce profond mouvement de la “société de la connaissance” entraîne une redéfinition des règles du jeu économique.
Premièrement, nos économies développées sont devenues plus vulnérables car la connaissance immatérielle est facilement appropriable par celui qui n’a pas fait l’effort de la produire. Dans une société de la connaissance, la tentation de tricher est grande. Même les stratégies industrielles les plus sophistiquées, consistant à conserver le secret, incluent que toute avance est provisoire. Il s’agit au mieux de retarder le plus longtemps possible un pillage programmé. Deuxièmement, la connaissance s’apparente davantage à un bien de production que de consommation. Elle amorce un cycle sur lequel s’appuieront cumulativement d’autres connaissances pour se développer à leur tour. Dès lors, la découverte de quelques uns devient inévitablement un jour celle de tous. Ce phénomène cumulatif entraîne un accroissement exponentiel de la somme des connaissances. C’est pourquoi, toute tentative de stockage des données est à la fois vaine et vouée à l’échec.
La valeur de l’information ne résulte plus prioritairement dans sa détention et dans sa capitalisation, mais dans sa juste compréhension. Les experts en intelligence économique doivent savoir articuler la gestion des flux et d’information avec une prise de décision. Le chef d’entreprise doit être capable d’extraire des informations et d’analyser son marché, en fonction de ses enjeux et de ses projets. Car c’est le traitement de l’information qui est créateur de valeurs et de richesses.
Jacques Breillat
Article paru le 11-07-2008 dans APS N°1633 – Les clefs de l’intelligence économique