« Blogosphère: une communauté de savoir » Interview de Bérengère STASSIN 1/2

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Bérengère STASSIN est maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’université de Lorraine et membre du Centre de recherche sur les médiations (CREM). Ses travaux académiques portent sur les communautés de savoir en ligne ainsi que sur l’identité numérique et l’e-réputation des marques et des individus. Elle commence également une nouvelle recherche sur les phénomènes de violence et de harcèlement en ligne et sur les discours sociaux qui les entourent. Nous avons le plaisir de l’interroger sur ses recherches et son actualité éditoriale en ce début d’année.

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Jacques BREILLAT:  « Bérengère Stassin, vous publiez La blogosphère info-doc : une communauté de savoir, une mosaïque de médiations aux Éditions Cépaduès, comment est né ce livre ? »
Bérengére STASSIN: « Ce livre est une version allégée du mémoire de la thèse que j’ai soutenue en novembre 2015. Alors je vais d’abord vous dire comment est née la thèse et ensuite pourquoi j’en ai fait un ouvrage. J’ai commencé à m’intéresser aux blogs de bibliothécaires, de documentalistes et de chercheurs lorsque j’ai repris des études en sciences de l’information et de la communication en 2008. J’en suivais quelques-uns et je trouvais que c’était un bon moyen de rentrer en contact avec le monde de l’info-doc professionnelle et scientifique. J’y faisais ma petite veille et j’y apprenais pas mal de choses. Mais à cette époque, beaucoup de propos négatifs étaient tenus sur les blogs, et ceux que je lisais régulièrement n’étaient pas épargnés. Le mythe du « blogueur narcissique » était bien répandu et de nombreux discours circulaient quant aux dangers que faisaient peser ces productions alternatives (Wikipédia y compris) sur le Savoir et la Connaissance. Cela m’avait interpellée car ça ne correspondait pas du tout à l’idée que je m’en faisais à travers mes lectures. La thèse est donc née d’une volonté d’interroger les nouvelles formes de médiation de l’information et des savoirs qui émergeaient au sein du web et plus particulièrement au sein des blogs. En outre, la forte activité de publication à laquelle s’adonnaient les blogueurs m’avait également interpellée. Certains étaient de très grands publiants (et le sont toujours) et je me demandais un peu naïvement ce que cela pouvait bien leur apporter. J’ai donc fait de la blogosphère info-doc le terrain de mon travail de recherche, pour le master puis pour le doctorat. Après six années d’investigation, j’ai obtenu les réponses aux questions que je me posais quant aux médiations exercées par cette blogosphère et aux motivations de ses auteurs. Le livre vise donc à partager ces réponses, sous une forme un peu plus digeste que ne le ferait le mémoire de thèse, à offrir une « cartographie » des dynamiques sociales, sémantiques et discursives qui ont traversé la blogosphère info-doc entre 2010 et 2012 (période ciblée par l’étude) et à mettre à disposition du lecteur le cadre théorique et le « kit méthodologique » que j’ai construits pour analyser ce réseau d’expertise, cette communauté de savoir. »

Jacques BREILLAT: « Vous parlez de « nouvelles médiations des savoirs  » grâce aux blogs, que voulez-vous dire ? »
Berengere STASSIN: « Je veux dire beaucoup de choses (rires). Précisons pour commencer que je parle essentiellement des blogs d’experts, c’est-à-dire des blogs qui sont tenus par des professionnels du domaine auquel ils sont consacrés : par exemple, Lionel Maurel qui porte un regard de juriste et de bibliothécaire sur le droit de l’information dans S.I.Lex ou Camille Alloing qui traite de ses thématiques de recherche dans CaddE-Réputation. Je ne parle pas des blogs de type « journaux intimes » ou « chroniques de la vie quotidienne » qui d’ailleurs ne sont plus très nombreux, leurs auteurs s’étant déplacés vers d’autres plateformes comme Facebook, pour ne citer qu’elle. Ces blogs d’experts sont à mon sens devenus un nouveau canal de diffusion de l’information qu’elle soit professionnelle, technique ou scientifique, un canal complémentaire – mais bien évidemment non substitutif – aux traditionnels canaux que sont le livre et la revue. En ce sens, les blogueurs exercent différentes formes de médiation de l’information, mais aussi, sous certains aspects, une nouvelle forme de médiation des savoirs professionnels et scientifiques. »

Interview à suivre demain…

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