Les avocats font de l’intelligence économique en aidant leurs clients à faire face aux manœuvres de concurrence déloyale, en sécurisant les contrats commerciaux ou en prévenant le débauchage des cadres. Les experts- comptables font de l’intelligence économique en valorisant le patrimoine immatériel des organisations. Les marketeurs font de l’intelligence économique en promouvant les produits et les marques sur le web via le community management. Les conseils en communication font de l’intelligence économique en initiant des stratégies d’E-réputation, pour renforcer l’image de l’entreprise. Et les spécialistes d’intelligence économique (on l’oublie parfois) font eux aussi de l’intelligence économique !
Discipline jeune et transversale, l’intelligence économique n’échappe pas à l’air du temps. Chaque métier ou fonction tente désormais de s’approprier (parfois maladroitement) ses outils et ses méthodes. Chaque profession touchant au conseil de l’entreprise revendique sa légitimité sur ce champ émergent (et sa part du gâteau). Alors faut-il pour autant dénoncer ce mouvement comme le signe d’une profonde inconsistance ? Faut-il y voir la preuve irréfutable d’une absence de colonne vertébrale ? Faut-il conclure définitivement aux conformismes et aux concessions à l’effet de mode ? Je ne le crois pas.
Nous commençons à récolter les fruits du long travail de sensibilisation conduit par les services de l’État. Lentement, les pratiques d’intelligence économique commencent à pénétrer et irriguer le fonctionnement des entreprises. Bien sûr, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir mais chacun tente à son niveau d’intégrer ces pratiques. Certes, cela donne un peu parfois l’image folklorique d’une pittoresque « auberge espagnole ». Mais au bout du compte qui s’en plaindrait ?