L’intelligence économique souffre encore parfois d’un défaut de réalisme (sérieux paradoxe en vérité pour une matière qui entend précisément éclairer la prise de décision stratégique). Les débats académiques sont encore traversés épisodiquement par des guerres picrocholines entre les tenants de la veille stratégique, du knowledge management et de l’intelligence concurrentielle… Les échanges intellectuels sont enflammés et nourris par des controverses »stratosphériques ». Les plus optimistes voient dans ces penchants le signal faible d’une absence de maturité scientifique (qui ne demande pour ainsi dire qu’à s’améliorer). Les plus pessimistes semblent percevoir une manifestation plus profonde d’inutilité (considérant in fine que « l’IE ne sert à rien »…).
De leur coté, les chefs d’entreprise des PME/PMI demeurent pour le moins circonspects. Ils attendent des réponses opérationnelles pour appuyer utilement leurs projets: détection de nouveaux marchés, filière d’exportation, lancement de nouveaux produits, positionnement de marque, protection de l’image ou de la réputation de l’entreprise…
Dans ce contexte, l’ouvrage de Nicolas Moinet et Christophe Deschamps: « La boîte à outils de l’intelligence économique » paru aux éditions Dunod comble assurément un vide éditorial. Les auteurs proposent 59 fiches outils indispensables pour implémenter, concrétiser ou pérenniser une démarche d’intelligence économique en entreprise. Chaque outil est décrit sur 2 ou 4 pages, à partir d’un schéma de synthèse, d’un contexte d’utilisation, d’une description des étapes de mise en œuvre, de conseils et de précautions à prendre.On peut donc piocher librement dans cette boite à outils en fonction de ses objectifs: intégrer la démarche d’intelligence économique, surveiller son environnement, traiter et analyser l’information stratégique, protéger son patrimoine immatériel, influencer son environnement… A titre purement personnel, j’avoue que j’ai particulièrement apprécié l »outil N°22 sur la E-Réputation, l’outil N°36 sur l’analyse Red hat (permettant d’anticiper sur les choix d’un concurrent) et l’outil N°50 sur l’ingénierie sociale 2.0.
A lire donc et surtout à relire en fonction de votre situation du moment… mais toujours sans modération.