L’intelligence économique fait partie intégrante des dépenses publiques dédiées aux pôles de compétitivité (à hauteur de 2 millions d’euros). Les pouvoirs publics ont donc invité chaque pôle à se doter d’un « correspondant en sécurité économique » pour prévenir les fuites d’informations stratégiques. Mais au niveau des pôles de compétitivité une telle démarche s’avère nécessairement complexe à mettre en œuvre.
Premièrement, parce qu’il faut d’abord délimiter un « périmètre de souveraineté » pour fixer des priorités (on ne peut pas tout protéger). Or tout ce qui stratégique pour un pôle de compétitivité n’est pas forcement stratégique pour l’Etat (et inversement !). Deuxièmement, parce que les pôles sont organisés en clusters pour favoriser les échanges transversaux. Ils associent donc des partenaires de cultures différentes : PME / PMI et grandes entreprises, chercheurs publics et privés, institutions françaises et étrangères. Sans sombrer dans la paranoïa, il faut reconnaitre que l’émergence de projets coopératifs de dimension internationale multiplie les niveaux d’interfaces et les risques.
Enfin, la logique d’une politique industrielle comme celle des pôles de compétitivité est fondée sur l’affichage de l’excellence française. En communiquant la carte des pôles, nous donnons à voir nos forces et nos faiblesses. Nous dévoilons nos axes de recherche. Des observateurs étrangers pourraient être tentés de combler leurs lacunes par des transferts de technologies. La valorisation des savoir-faire est à la fois une opportunité et une menace.
Article paru dans Aquitaine Presse Services (APS) « Les clefs de l’IE », N°1662