L’agressivité concurrentielle constitue l’alphabet de base nécessaire au pilotage stratégique des entreprises. En effet, plus les marchés sont saturés et plus l’intensité concurrentielle comporte des risques de dérapages importants. Les spécialistes d’intelligence économique désignent ce contexte hyperconcurrentiel sous l’expression de “guerre économique”.
Et les américains ont ouvert la voie de l’intelligence économique offensive en constituant des War room au sein de leurs multinationales. Il s’agit de cellules opérationnelles comprenant généralement trois personnes : un juriste pour protéger les informations sensibles, un scientifique de haut niveau pour pointer les technologies à acquérir et un spécialiste de l’intelligence économique pour traquer et collecter l’information utile. Ces War room s’intéressent aux sujets pointus comme les nouveaux matériaux, la simulation numérique, les moteurs d’avions, de missiles, de lanceurs, la technologie des composants, les hommes clés des entreprises concurrentes, la stratégie et le financement des entreprises, la sécurité des systèmes d’information, les techniques de fusion et acquisition, les recherches en laboratoire universitaire… La démarche d’une War room est entièrement tendue vers l’acquisition d’informations à forte valeur ajoutée. Elle implique aussi une stratégie structurée de surveillance des environnements. Elle ne s’interdit pas d’engager des opérations de communication visant à influencer les élites et les opinions au niveau mondial (perception management).
Jacques BREILLAT
Article paru le 22-02-2008 dans APS N°1613 – Les clefs de l’Intelligence économique